Prix public : 18,00 €
Femme, vie, liberté “Je me régale des anecdotes, jamais elles ne mentent. Dans le même registre, les lapsus, capables de ruiner sur le champ tout discours finement fignolé, plein de retenue et de bien-pensance. Et pour compléter ce duo, l’indispensable ‘petit bout de la lorgnette’, ennemi intime des grandes théories et des abstractions peu compréhensibles. Redoutable trio, pareils à des éclats de vif-argent, dans un univers où règnent en maître le calcul, la tromperie. À la rescousse de mon attirance pour ces trois pépites : les surréalistes. Je les aime ceux-là, d’un amour pur et jaloux, quasiment exclusif. Ces passionnés, je les jalouse, je les envie, je les quête. Qu’ils m’acceptent comme l’un des leurs, un frère en rêverie, en combat, en passion. Alors je m’invente, je m’immisce dans leurs existences, comme si j’y étais. Dans ma démesure, j’ai même l’impression que ce qu’a vécu André Breton, ses engouements, ses drames, ses espoirs, ses désillusions, sont proches d’un copié-collé de ma propre réalité, sentimentale entre autres.” Ces premiers mots de Ralph Ritter donnent le ton de l’ouvrage : c’est à un voyage d’imagination qu’il nous convie. La rêverie s’affranchit des grandes théories. Elle se nourrit de faits insignifiants, de petites anecdotes qu’elle bonifie à l’infini, auxquelles elle donne chair et profondeur. De bordels en plages normandes, de réflexions érotiques en ébats littéraires, l’auteur nous transporte à travers trois espaces temps : l’entre-deux-guerres des surréalistes, le xixe siècle de leurs références et le présent du narrateur – les couloirs du pouvoir des années Mitterrand. L’amour fou est un des points qui relie l’auteur à son grand homme, André Breton. Le décalage entre les idéaux socialisants des surréalistes et le mur de la réalité du pouvoir un demi-siècle plus tard joue comme un écho entre les deux époques. L’écriture se love dans chacun des cadres proposés, abrupte à Étretat, foisonnante au Jardin du Luxembourg, haletante dans les ruelles de Paris, bavarde dans les dîners en ville, primesautière dans les cafés, cash au Berlemont bruxellois, apaisée en Sologne. Toujours poétique et impertinente, elle fait voisiner René Char et Dominique Strauss-Kahn, Edith Cresson et Fantômas. Sous des airs légers, cette flânerie nous apprend beaucoup sur les dessous tant de la littérature que du pouvoir et, sous un apparent hymne à l’infidélité, se glissent une haute exigence morale et une ode à la liberté et à l’amour. L’ouvrage s’achève sur un mini dictionnaire amoureux des personnages et des œuvres mis en scène.