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Ce fut la Constituante qui introduisit le modernisme dans les lois, mais depuis assez longtemps déjà les mœurs et les idées en étaient imprégnées. L’essence du modernisme, c’est la prétention d’éliminer Dieu de toute vie sociale. L’homme, suivant l’idée moderne, étant à lui-même son dieu et le maître souverain du monde, il faut que dans la société tout se fasse par lui et par la seule autorité de la loi qu’il porte. Ceci est le modernisme absolu, donnant la contradiction radicale à l’ordre social qu’avait fondé l’Église, à cet ordre suivant lequel la vie publique et la vie privée se rapportaient à la même fin, et où tout se faisait, directement ou indirectement, en vue de Dieu, et sous la suprême autorité du pouvoir institué de Dieu pour régir l’ordre spirituel. Il y a un modernisme tempéré, qui ne fait pas ouvertement la guerre à Dieu et qui, en quelque sorte, compose avec lui. Sans le nier ni le combattre, il lui mesure, en le mettant dans le droit commun, la place qu’il peut occuper parmi les hommes. Par cette tactique, tout en conservant les apparences d’un certain respect, le modernisme met Dieu sous la domination et sous la tutelle de l’État. Ce modernisme tempéré et circonspect, c’est le libéralisme de tout degré et de toute nuance. Mais qu’on n’oublie pas que des deux côtés le principe est le même. Il s’agit toujours de faire une société sans Dieu, ou du moins de constituer une société en tenant Dieu aussi éloigné que possible de ses institutions et de ses lois. Suivant les circonstances, la Révolution incline d’un côté ou de l’autre, mais elle reste toujours la même quant à sa prétention fondamentale : la sécularisation de la vie sociale à tous ses degrés et sous toutes ses formes.