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«Je traiterai, dans cet ouvrage, non de l'origine de l'Homme, mais de celle des sociétés humaines. L'histoire s'occupe seulement de la seconde de ces origines. C'est à la cosmogonie qu'il appartient de dévoiler la première. L'histoire prend l'Homme au moment de son apparition sur la terre; et, sans s'inquiéter de son principe ontologique, cherche à trouver le principe de sociabilité qui le porte à se rapprocher de ses semblables, et à sortir de l'état d'isolement et d'ignorance où la nature semblait l'avoir réduit, en ne le distinguant presque pas, pour la forme, de plusieurs autres animaux. Je dirai quel est le principe divin que la Providence a implanté dans son sein; je montrerai par quelles circonstances nécessaires, dépendantes du Destin, ce principe de perfectibilité se trouve réactionné; comment il se développe, et quels admirables secours il reçoit de lui-même, lorsque l'homme qu'il éclaire peut faire usage de sa volonté pour adoucir de plus en plus, par la culture de son esprit, ce que son destin a de rigoureux et de sauvage : afin de porter sa civilisation et son bonheur au dernier degré de perfection dont ils sont susceptibles. Je vais me transporter, à cet effet, à une époque assez reculée de celle où nous vivons; et, raffermissant mes yeux, qu'un long préjugé pourrait avoir affaiblis, fixer, à travers l'obscurité des siècles, le moment où la Race blanche, dont nous faisons partie, vint à paraître sur la scène du monde. À cette époque, dont plus tard je chercherai à déterminer la date, la Race blanche était encore faible, sauvage, sans lois, sans arts, sans culture d'aucune espèce, dénuée de souvenirs, et trop dépourvue d'entendement pour concevoir même une espérance. Elle habitait les environs du pôle boréal, d'où elle avait tiré son origine.»