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Les Celtes aussi bien que les Hellènes jurent par le ciel, la terre et l’eau. Leurs dieux sillonnent la terre et se mélangent aux humains. Ils se battent en char à deux roues et deux chevaux, avec un cocher conducteur de char qui est aussi un hérault. Ils aiment les défis et les combats singuliers à la lance et à l'épée. Ils offrent des sacrifices humains et coupent les têtes des ennemis abattus. Ils se disputent les esclaves, les places d'honneur et les parts de viande. Athéna ou Môrrigu, leur dieu de la guerre est une déesse! L'une vierge et l'autre non. Les uns conservent pieusement les têtes de leurs ennemis dans leurs palais (dans des coffres, ou comme ornements de vestibule), les autres non. Les uns ont des aèdes et les autres des bardes. Le Grec homérique et le Celte sont blonds l'un se rase la moustache et laisse pousser sa barbe le noble gaulois se rase le menton et porte longue la moustache. En de nombreuses croyances et institutions les deux cultures, issues de l'univers indo-européen, sont proches. Ce qui rend plus saillantes les différences des croyances et de l'organisation sociale. Chez les uns la littérature est exclusivement orale chez les autres elle est écrite. Les Celtes ne semblent pas avoir connu la conception des morts habitant le ciel avec les dieux ils n’ont pas non plus l’idée de l’Hadès, souterrain et ténébreux séjour des morts. La croyance qui règne exclusivement chez eux est celle qui transporte les morts à l’extrémité du monde, dans le pays merveilleux qu’Homère appelle Elysée, les Bretons Avallon et les Irlandais la terre de lumière (tír sorcha) ou la terre des femmes (tîr nam-banv). Le caractère le plus saillant peut-être de la religion des Celtes, celui qui la distingue le plus de la religion homérique, c'est l'institution des druides à la fois clergé et un corps enseignant. En Grèce comme à Rome, les sacrifices sont accomplis par les monarques. Chez les Celtes au contraire, la séparation des pouvoirs a eu lieu: l’autorité politique et militaire est complètement distincte de l’autorité religieuse. Les prêtres hellènes sont attachés à un temple et sont les desservants de dieux particuliers. Le clergé grec est héréditaire. Les druides se recrutent par l’enseignement. En Gaule, ils constituent une corporation, avec un chef électif et des réunions périodiques, — un pape et des conciles ou des synodes, si l’on peut employer ces expressions… On trouvera dans ce volume le texte de leçons professées par Hubert d'Arbois de Jubainville au Collège de France pendant l’année scolaire 1897-1898. Un index général de près de cinq cents entrées remplace les Indices de la première édition.