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Le corps de l'écrivain ou de l'artiste est réputé ne pas entretenir de rapports « essentiels » avec son ÅÂÂuvre. C'est plutôt dans ses échanges épistolaires qu'il expose sa corporéité, en évoquant son état de santé, ses affects ou les effets de son travail sur son corps. Les caractéristiques matérielles (type de papier, calligraphie, etc.) ou digitales de ces correspondances révèlent des traits tout sauf anodins de ce corps et de ses modes d'expression. Tout cela est à l'ordre du jour dans une première partie des études réunies dans le présent livre, où se croisent des corps d'écrivains tels que Joë Bousquet, Georges Perros, Albert Camus ou Anise Koltz, et des corps d'artistes comme Maria Casarès, Chen Zhen ou Antoine d'Agata. À y regarder de près, on s'aperçoit que ces données apparemment accessoires éclairent bel et bien les ÅÂÂuvres – et pour cause : celles-ci sont autant de traces du même corps qui, certes, est à l'ÅÂÂuvre dans des situations sociodiscursives différentes. L'autre partie du volume prend le mot « correspondances » dans un sens plus statistique : elle se penche sur les corrélations entre les caractéristiques sociales des corps d'une population d'écrivains et le lexique corporel de leurs textes. Ainsi ce livre bat en brèche par deux fois la dichotomie entre le texte et le contexte, liée à la séparation entre l'ÅÂÂuvre « spirituelle » et le corps « matériel » dont l'ÅÂÂuvre est pourtant issue. Il contribue de la sorte à une déconstruction en plein essor, celle du dualisme persistant corps-esprit dans bon nombre d'études en lettres et en arts. Il le fait en s'intéressant, pour la première fois, au corps de l'écrivain ou de l'artiste tel que le dévoilent ses correspondances – épistolaires ou structurales – avec ceux et celles dont il se nourrit.