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À contempler les nuages, on voit des figures, des visages et des animaux, une flore et une faune imaginaire ; nous savons que c’est une illusion, car les associations d’idées s’évanouissent aussi vite que les nuages eux-mêmes. Mais sur le grès — « roche sédimen-taire détritique, issue de l’agrégation de grains de sable » — l’empreinte de l’érosion est formée par l’atmosphère, non par notre imagination ; elle demeure et nous savons que nous n’y sommes pour rien. Malgré tout, devant les modelés, les motifs et les griffon-nages à la surface de la roche, impossible d’entraver le fil des images qui se présentent. À propos des taches et des dessins inscrits dans la pierre, Caillois dit qu’un « regard séduit » y devine toujours des êtres ou des objets ainsi que des « spectacles de la nature, de la fable ou du rêve ». Mais ce ne sont pas ceux-là, seuls, qui se lisent sur le grès. Je vois les marques de leurs créateurs — pluie, vent, grains de sable — comme des notations. Mais notations de quoi ? Ces paysages plus abstraits que concrets sont tout entiers consacrés à l’empreinte du passage invisible du temps atmosphérique : c’est au nord de l’Ecosse, sur la pierre-de-sable rose, sur le grès rose. Pour Nicolas Bouvier (Du coin de l’œil), nombreux sont ceux qui partagent « la conviction que la nature peut se déchiffrer comme un grimoire et qu’elle nous fait continuellement signe ». Tel est le grès, comme un grimoire.