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À Yahidne, un village situé près de la ville de Chernihiv, les soldats russes ont enfermé tous les habitants du village (368 personnes) dans le sous-sol de l’école et les y ont maintenus pendant 28 jours. Chaque habitant disposait d’environ 0,5 m2 et a été contraint de vivre dans ces conditions pendant près d’un mois. La majorité d’entre eux ne pouvaient pas s’allonger pour dormir. L’air, la nourriture et l’eau manquaient cruellement. Dix personnes sont mortes au cours de ces tortures, et certains corps ont été conservés dans le sous-sol avec des personnes vivantes pendant un jour ou plus, entassés à côté de l’endroit où dormaient les enfants. Il s'agit de l'un des nombreux crimes de guerre russes au cours desquels l'armée russe a privé les Ukrainiens de leur dignité, les a tués ou les a conduits à la mort. Volodymyr Yermolenko, Président de PEN Ukranie J’ai lu et relu le témoignage de cet innommable séjour en enfer. Quel effroi devant ces charniers d'enfants, de femmes et d'hommes anonymes ! Comment ne pas partager la douleur d'un peuple ? Comment trouver les mots face à de telles horreurs ? Seule la poésie a le droit et le devoir de parler devant l'absolue noirceur, ne serait-ce que pour sauver ce qui reste d'humanité au milieu du désastre. Les mots sont la mémoire de ce qui fut et demeure humain face à la barbarie de la guerre. Transmettre : que dire d'autre, au risque de paraître un peu ridicule, sinon arrogant, dans le confort verbal de mon existence privilégiée en ce monde décidément si injuste et toujours aussi inhumain ? Yves Leclair, écrivain