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D'après le témoignage de Salomon, la Vierge avait soif de s'enivrer de son bien-aimé qui l'attirait à lui, viscéralement, comme la force centrifuge d'un ouragan. Chez les grandes figures féminines de l'Ancien Testament, nous voyons les moteurs intérieurs du recours à Dieu : Sarah voulut un enfant, Ruth l'obéissance, Esther et Judith la paix. Marie, quant à elle, exigea la bouche de Dieu... La Vierge osa réclamer : " Qu'il me baise des baisers de sa bouche ! " (Ct 1,2). Cette déclaration, comme l'éclair qui déchire le ciel, foudroie notre pudeur. C'est brut, vif, poignant ; à la limite de l'indécence ! J'ai presque envie de supprimer cette phrase des saintes Écritures tant elle peut me choquer. L'amour de la Vierge est incandescent ; il l'a même carbonisée. Elle ne s'en cache pas le moins du monde lorsqu'elle avoue : " Ne prenez pas garde à mon teint noir : c'est le soleil [Dieu] qui m'a brûlée [de son amour] " (Ct 1,6).