Prix public : 14,00 €
Pour dire ce qu’est ce polar, il faut commencer par dire ce qu’il n’est pas ; c’est-à-dire un polar. L’Oxymore serait-il dans ce cas un anti-polar ? À peine. Pas une goutte de sang ne coule dans ces pages, pas un gramme de drogue ne circule ; pas même un petit viol sur le pouce. L’enquêteur, le commissaire, l’agent de police, le dealer, les femmes sulfureuses ou violentées, tout le monde a disparu. Et le but de ce livre n’est certainement pas de les retrouver. Peut-on écrire un polar sans enquête ? Ou plutôt – puisqu’en littérature tout est possible si l’on manque suffisamment de révérence pour les règles – comment ? Dans quelle mesure et par quelles feintes désigner comme polar un livre qui nous refuse non seulement l’élucidation, mais jusqu’à l’intrigue elle-même ? Une telle direction s’éloigne certainement des horizons réconfortants auxquels ledit genre nous destine. De fait, refuser l’intrigue policière revient à faire le deuil d’un retour à l’harmonie antérieure à la chute. C’est enfin défaire la raison carrée, celle du méticuleux enquêteur, consentir à la beauté du vide sur lequel on s’agite, et bâiller devant la résolution provisoire d’énigmes par lesquelles notre besoin de connaissance est pourtant si facilement titillé. L’Oxymore est ainsi un roman bizarre, un mouvement perpétuel, une boucle a priori scellée, un autre voyage vain de l’ombre qui aveugle à la lumière qui éblouit, en passant par toutes les teintes de la zone grise.