Prix public : 26,00 €
Olivier Bessy est sociologue du sport et du tourisme spécialisé dans le domaine de la course à pied. Il est professeur émérite à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. Il est chercheur au laboratoire TRransition Environnementale et Energétique (TREE) où il mène des travaux sur la transition et l’innovation appliquée aux pratiques, aux aménagements et aux évènements dans les domaines sportifs et touristiques. Il a écrit plusieurs ouvrages sur le sport et le tourisme dont trois sur des évènements reconnus (Le Marathon du Médoc en 1994, le Grand Raid en 2002 et l’UTMB en 2012). Il a publié en 2022 un ouvrage qui s’intitule « Courir sans entrave ». Athlète, marathonien et ultra-trailer, il a survécu à de nombreuses courses de l’extrême. Au tournant des années 1990, courir sans limites devient la norme pour un nombre toujours plus grand de personnes sous les effets de l’hypermodernité qui prône la démesure, la surenchère et l’illimitisme. L’individu hypermoderne s’inscrit dans l’univers de la mondialisation économique et des nouvelles technologies, dans le processus d’accélération de la société et dans la mise en spectacle de lui-même. Autant d’éléments qui le condamnent à être performant, à s’explorer et à conquérir des ailleurs toujours plus exotiques dans le but de s’auto-définir en recomposant en permanence son identité personnelle. Rien de mieux pour le symboliser que la figure moderne de Sisyphe qui incarne l’injonction permanente à l’exploration de soi et à la recherche de l’exploit personnel. La forme sociétale de l’hypermodernité provoque des transformations notables dans l’univers de la course à pied. Elles se manifestent dans la fascination pour l’extrême chez les coureurs et son cortège de comportements visant à l’intensification de son mode d’existence. Elle s’observent également dans les nouveaux enjeux d’attractivité touristique pour des territoires en transition. Elles témoignent, enfin, d’une surenchère permanente au niveau des évènements organisés. De nouvelles courses aux formats démesurés (ultra-marathons, 100kms, courses horaires, courses aventure, ultra-trails...) se développent en réponse avec la cristallisation de nouvelles façons de se penser, de valoriser les régions concernées et d’épouser la mondialisation. Une grande majorité de coureurs cherchent à vivre des expériences toujours plus extrêmes et intenses. Ils souhaitent se défier en explorant en permanence leurs limites, en priorisant la construction d’une identité performative et en voyageant t aux quatre coins de la planète. C’est l’impératif du toujours plus long, toujours plus haut, toujours plus vite, toujours plus loin, toujours plus sensationnel qui s’impose. De façon concomitante, la course à pied devient un nouveau produit touristique en réponse à la demande de « globe-runners » désireux de parcourir le monde et en phase avec les enjeux de marketing territorial poursuivis par de nombreuses collectivités locales soucieuses de renforcer leur attractivité. Enfin, les évènements proposés sur ce nouveau marché de la course à pied illustrent bien les excès sportifs, marchands et médiatiques propres à l’hypermodernité. La métamorphose de la planète marathon, le renouveau des 100km et autres courses horaires, la démesure des courses nature aventure et la révolution de l’ultra-trail en sont les principaux chapitres. L’ouvrage prend comme exemple les marathons de Paris et du Médoc, les 100 km de Millau et de Belvès, les 24 heures de Brive et les six jours de La Rochelle entre autres, La Grande Course du Verdon et le Marathon des Sables ainsi que les deux ultra- trails pionniers que sont le Grand Raid de La Réunion, et l’Ultra-Trail du Mont-Blanc.