Prix public : 20,00 €
La scène se déroule dans un village du Biterrois en 1940-1941. La préfecture de l’Hérault demande l’enlèvement des plaques de la rue Jean Laurès. Incompréhension et stupéfaction de la municipalité : pourquoi enlever le nom de ce natif du cru, félibre, de surcroît ? En réalité, la cible était le socialiste Jean Jaurès. La quasi homophonie des deux noms avait failli coûter au poète sa place au sein du panthéon municipal. Une telle mésaventure peut paraître cocasse ; en réalité, cette bataille autour des noms de rues, les odonymes, est un aspect de l’affrontement politique et symbolique que se sont livrées droite et gauche sous la IIIe République. Le système d’hommage public urbain ne résulte pas, en effet, d’une coutume pacifi que de baptême. Il est le fruit et l’instrument d’un combat politique, dont les plaques qui fi gurent sur nos murs sont autant de traces. À l’angle des rues du Biterrois, espace emblématique de ce Midi rouge parfois mythifi é et aujourd’hui disparu, c’est un affrontement de trois quarts de siècle qui se livre et qui fera des plaques émaillées, les plaques de la République.