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Plaidoyer pour le démantèlement des usines dangereuses, la revue Z n°13 donne la parole aux habitant·es de Rouen et de ses campagnes après l’incendie de Lubrizol, syndicalistes, Gilets jaunes ou simples riverain·es, décidé·es à s’organiser pour dénoncer l'intoxication et faire cesser l'impunité. L’événement a eu lieu à Rouen, le 26 septembre 2019, et il y avait de la fumée noire. Est-ce un accident grave ? Pas sûr. A-t-il pollué l’eau et les terres ? Les études le diront. A-t-il intoxiqué les Rouennais · es ? Cela reste à prouver. L’industriel en est-il responsable ? En tout cas, il s’excuse pour le désagrément. Pour son treizième numéro, l’équipe de Z s’est installée à Rouen au lendemain de l’incendie de l’usine Lubrizol, qui a déversé l’équivalent d’une marée noire dans le ciel de la Normandie. Dix mille tonnes de produits chimiques hautement toxiques partis en fumée, plus de dix tonnes d’amiante dispersées sur l’agglomération. Est-ce dangereux ? Faut-il partir, se confiner ? Aucun·e expert·e ne peut mesurer l’impact d’un tel cocktail chimique, et pourtant, à la faveur d’une « gestion de crise » fondée sur le maintien de l’ordre, les déclarations rassurantes pleuvent sur les habitant·es de la région. Une chose est sûre : trois mois plus tard, la production a repris au beau milieu du site calciné. Entretemps, le caractère indispensable à notre survie des additifs pour lubrifiants n’a pas été questionné, ni celui des autres productions explosives des 1312 sites Seveso du pays. Et l’espérance de vie en bonne santé continue de baisser, plombée par l’augmentation continue des cancers, sur laquelle le rôle de notre environnement chimique est indéniable. L’art de faire disparaître la catastrophe, tel est, de plus en plus, le mode de gouvernement qui s’impose, face au chaos climatique, aux pollutions industrielles, et à leurs redoutables effets combinés. L’exemple Lubrizol nous montre l’étendue des champs de bataille que recouvre le mot « catastrophe » : scientifiques, juridiques, économiques, médiatiques. Ce n’est pas un hasard si des gilets jaunes se retrouvent au cœur de toutes ces batailles : à Rouen, beaucoup travaillent ou ont travaillé dans l’industrie, et s’interrogent sur ses impasses et les chemins pour en sortir. "Une revue qui aide à comprendre tout en nourrissant nos colères. Indispensable à notre salubrité militante et intellectuelle !" InternetActu "Le dernier numéro de cette revue annuelle itinérante d’enquête et de critique sociale raconte comment les «gens du voyage» finissent assignés aux zones toxiques, ou comment s’est fabriquée «l’impunité industrielle». On trouve un certain écho avec les polémiques actuelles autour des masques en lisant une enquête sur la manière dont le doute est soigneusement entretenu, la toxicité des 10 000 tonnes de produits chimiques consumés par l’incendie restant à prouver, malgré les 479 fiches de sécurité qui les indiquent comme cancérogènes, mutagènes et autre. Des méthodes d’évaluation qui «ne servent à rien», selon une ingénieure spécialiste de l’évaluation environnementale, puisqu’«elles consistent à croiser de manière hasardeuse des paramètres aussi incertains les uns que les autres»." Libération