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L'évolution des mœurs désignée par révolution sexuelle ou libération sexuelle, postérieure à Freud et, dans sa première phase, contemporaine de Lacan, n'a fait que souligner ce que la psychanalyse a toujours avancé comme son concept fondamental : seule la jouissance incestueuse avec la mère (et avec le père par transfert) était interdite. Connue par le petit enfant dès qu'il prend la parole, elle prolonge la jouissance de la Chose radicalement perdue, la toute première jouissance de l'infans, ce prématuré qui ne parle pas. Cette place dans la chronologie donne à l'inceste son caractère particulièrement déstructurant qui le fait rejeter. Jouissance et plaisir sexuel ne sont donc pas à confondre. Si la prospérité économique, les progrès de la biologie, ainsi qu'une plus grande permissivité de la société, facilitent celui-ci, la jouissance absolue est, aujourd'hui, comme hier et aussi bien demain, impossible. Nous vivons une évolution des mœurs, nullement une nouvelle économie psychique ou une nouvelle éthique. Les mots de la sexualité sont devenus courants mais on ne sait toujours pas nommer la Chose, vide de non-dit, zone de silence. Cet ouvrage renouvelle l'abord de la Chose et montre comment le langage a transformé un vide en manque phallique, avec la production de beaucoup de leurres censés le combler. Il est proposé une éthique de la psychanalyse, hors toute psychologie des foules, fondée sur la contingence d'un désir, rejeton du vide de la Chose, qui a donc en lui-même sa propre cause. La fin de la cure y trouve un nouvel éclairage.