Prix public : 15,00 €
C’est avec toujours autant d’humour, qui n’exclut pas un certain sens du tragique, que Julien Blaine poursuit sans relâche ses obsessions et sa quête poétique d’une parole des origines, libérée du joug tyrannique des monothéismes, d’où son intérêt pour l’art et les cultures paléolithiques ou chamaniques, d’une parole également libérée du corset de la syntaxe (il jette les premières pierres d’une poésie où la ponctuation, la typographie ont comme pris leur indépendance) et de l’opposition stérile parole / geste. Comme de juste, chez Julien Blaine et dans un certain nombre d’auteurs d’avant-garde, le livre est autant l’accomplissement que la recherche en elle-même, l’aventure d’un(e) geste poétique, avec ses tâtonnements, ses errances et la vie même du corps qui s’y jette. D’où cette question qui surgit à l’entrée de la vieillesse : que faire lorsque le corps d’éternelle jeunesse de l’avant-garde a vieilli ? Julien Blaine se met à nu dans ses maladies, ses ecchymoses – comme avec ce cruel « Journal de Madame Ménière », du nom de la maladie de Ménière dont il se découvre atteint, qui note l’évolution au jour le jour des symptômes. Et du corps à la politique, aux idéaux, il n’y a qu’un pas : Julien Blaine dresse le bilan de 68, de ces corps qui s’y sont débattus, qui ont vieilli, ont trépassé pour certains, ou ont trahi leur jeunesse pour d’autres.<br /> À toutes ces inquiétudes, Julien Blaine oppose une fidélité à son maître-mot : liberté, liberté, liberté : le livre s’achève sur la traduction des Quatrains d’Omar Khayyam, ce fameux poéte persan des xi et xiie siècles, qui offre l’exemple magnifique d’une attitude sans concession face aux pouvoirs et aux religions de son temps, pour jouir avec ivresse des beautés de la vie.