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Est dit irrévocable ce qui se trouve engagé définitivement, sans retour possible, comme on appelle en vain ce qui a fui, comme on se lance éperdument à la recherche d’un temps perdu. Aussi, à bien y regarder, n’existe-t-il ici ni revenants ni fantômes, ni seconde chance ni nostalgie. Quelque chose, comme un fatum, règne en maître sur tous ces paysages. Comme si la tragédie avait eu l’occasion de pleinement s’accomplir. En eux, pas l’ombre d’une perte qui puisse être pleurée, tandis qu’ils se présentent tour à tour comme des absences, des vides, dont nul ne pourrait être le témoin. En ce sens, rien de plus silencieux que ces dessins qui se répètent pour n’être qu’eux-mêmes, comme s’ils n’étaient jamais des manques dont on pourrait avoir l’audace de dire qu’ils sont irréparables. Ces dessins sont-ils même des instants ? Mais quels instants pourraient ainsi se perpétrer hors des heures, des années et des siècles ? Ce qui ne peut faire l’objet que d’un appel, unique (comme l’enfance, l’amour ou la mort, par exemple) inviterait donc à l’expérience de ce silence qui est le nôtre, dont nous serions comme les images, balbutiements de l’éphémère, irrévocablement.