Prix public : 10,00 €
Se pourrait-il que ces dessins constituent un empire de signes ? De signes ayant abandonné tout référent (ce qui se présente là comme chaise ou nez, par exemple, se trouvant aussitôt écartés de ce qu’ils représentent) ; de signes étant à ce point congédiés de que qu’ils peuvent bien signifier qu’ils n’en sont plus que des signifiants à peu près vides. À cet égard, quel autre titre que ce fjghj pouvait ici convenir ? Un signifiant absolument imprononçable et se refusant à dévoiler, avec obstination, qu’il ne recèle rien. En ce sens il nous faudrait aussi renoncer pour de bon à rechercher dans ces dessins la forme d’une narration, aussi bien dans leur succession qu’à l’intérieur de chacun d’eux, en sorte que ces dessins seraient peut-être à regarder comme une suite d’aphorismes d’une cocasserie troublante, à la manière d’un Lichtenberg, quand celui-ci conçoit, par exemple, un couteau sans lame auquel manque le manche. Toutefois, en aucune manière, il ne saurait être question d’une sorte de sabotage, même de détournement, mais plutôt d’une prouesse esthétique bien plus concise que simple, bien plus soucieuse et pénétrante qu’originale, celle d’un art qui consiste à forcer le trait (le trait noir, épais, de Guillaume Chauchat, qui se présente aussi comme trait d’esprit) seule trace à se suffire et nous faire signe.