Prix public : 118,51 €
La poésie amoureuse de la Pléiade diffuse la conception néo-platonicienne selon laquelle la passion est une pathologie sanguine. Après avoir exposé le système des humeurs défendu par la médecine de la Renaissance, Marc Carnel examine, dans l'écriture amoureuse de Ronsard, les lieux communs liés au sang et à ses altérations. Les recueils rapportent en effet le rituel d'une infection sanguine contractée lors du coup de foudre printanier et qui blesse le poète d'une plaie incurable d'où sourd l'écriture. Le venin qui se diffuse alors dans le corps de ce dernier et dans son coeur participe de l'antique frayeur provoquée par le sang maudit des femmes. Des images obsessionnelles se propagent jusque dans son esprit. L'amant malade est frappé par la bile de Cassandre, la pituite de Marie et par la mélancolie. Les recueils de 1578, en particulier les Sonets pour Helene, cherchent à exorciser ce mal en réhabilitant un sang lumineux. En même temps qu'il souffre, le poète rêve d'échanger son sang et son coeur : tout en aspirant au sacrifice, il désire le sang intime des roses.