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Cet essai est habité par une double préoccupation. D’abord manifester la manière dont Calvin pratiquait l’exégèse. On s’est en effet souvent intéressé aux idées de Calvin et à sa synthèse théologique : l’Institution de la Religion chrétienne, mais on a peu étudié son exégèse, et en particulier son interprétation de ce texte central qu’est l’Epître aux Romains. L’étude est menée en confrontant la pratique de Calvin à celles d’Erasme, Mélanchton, Bucer, Bullinger et en identifiant sources et polémiques. Ensuite, et tout au long de cette première étude, se développe une autre interrogation, plus fondamentale, qui porte sur les règles du discours théologique. A cet égard, le texte de Calvin constitue un bon échantillon. Si on fait l’hypothèse que le discours ressemble à la langue et que lui aussi impose des règles et des limites au langage et, à sa manière, découpe et ordonne tout un monde, si on admet que le langage n’est pas d’abord un instrument de communication mais bien une manière cohérente et limitée d’habiter le monde, alors il importe au théologien de repérer quelles règles, donc quelle cohérence et quelles limites singulières, impose au discours théologique cette « langue » singulière qu’est la rhétorique occidentale, véritable ordre du discours. Par celle-ci se trouvent en effet réglés le lieu « politique » du commentateur ainsi que plusieurs de ses procédures : la traduction, l’architecture du texte, les procédés d’interprétation. Tout cela reçoit dans la rhétorique un mode singulier qui cadre l’affirmation théologique et le monde qui s’y donne. Mais l’affirmation théologique, si elle est réglée par cette « grammaire » du discours, à son tour la reprend et la retravaille. C’est l’analyse de ces contraintes mutuelles du rhétorique et du théologique que l’auteur entreprend dans le dernier chapitre, et principalement sur deux points centraux : la loi et la double prédestination.