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Coordonné par Guillaume Marche et Sophie Vallas Une propension à être en mouvement, à aller de l'avant, plus loin : voilà autant d'images, en partie stéréotypées, du rêve américain auxquelles souvent les Américains eux-mêmes aiment s'identifier. Mais la construction nationale des États-Unis, fondée sur la migration, la colonisation aux dépens des autochtones et le déplacement forcé d'esclaves, donne une place cruciale à l'enracinement. Cette dialectique se perçoit dans l'expérience des groupes ethnoraciaux d'origine migratoire ou diasporique, dans les pratiques vernaculaires et les représentations de la culture populaire, dans le rapport symbolique, foncier et littéraire des Amérindiens aux réserves, ou dans l'exode des Africains-Américains fuyant l'esclavage ou explorant l'Europe et l'Afrique. Elle alimente la production d'oeuvres novatrices et modernes, fondement du projet littéraire américain depuis ses origines - et ce, jusqu'au fantasme du retour dans certaines oeuvres postrévolutionnaires ou contemporaines et à l'enracinement qui caractérise la Renaissance américaine. De la mémoire de l'exil à l'expérience du territoire, la littérature et les arts américains oscillent donc entre dérive et ancrage. Et si la fixité institutionnelle ou politique s'illustre dans la résistance aux changements sociétaux, certains mouvements sociaux renouvellent constamment les modalités et les finalités de leur action, de même que se réinventent en permanence les formes d'expression littéraire ou artistique, ainsi que le rapport de la culture ou des musiques populaires au folklore et à la tradition. Les articles rassemblés ici abordent l'exil et la quête d'émancipation, la fixité et la malléabilité des identités collectives, la spoliation et l'appropriation territoriales et identitaires, l'ancrage dans l'espace et l'irréversibilité du déracinement.