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L'histoire de l'Aquitaine est une fresque, mais une fresque dont les statues sont vivantes. Une tapisserie, mais qu'agite un vent furieux. Dès le premier instant où un chasseur, quelque 35 000 ans avant J.-C., applique le sceau de sa main enduite d'ocre contre la paroi d'une caverne périgourdine, commence cette très longue épopée d'une région modelée par l'homme au long des siècles. Car l'Aquitaine n'est pas une fatalité géographique, mais une permanente conquête. Zone élective d'échange entre la haute terre et l'océan, balafrée par l'énorme blessure de l'estuaire de la Garonne, l'Aquitaine a dû à sa seule volonté de devenir un pays aux limites mouvantes, mais à la spécificité inébranlable. Avant-poste de la romanité en Gaule, royaume mérovingien, puis carolingien, duché, possession anglaise, province française enfin, ravagée d'invasions, labourée de migrations, déchirée de conflits religieux, l'Aquitaine a su demeurer fidèle à son destin et ne perdre dans tous ces avatars ni son identité, ni son âme. Et c'est elle qui, pour finir, a conquis ses conquérants. D'étonnantes figures sont venues la symboliser et marquer son histoire éclatante ou secrète : la reine Aliénor, le Prince Noir, l'archevêque Pey-Berland, Montaigne, les ducs d'Epernon, les grands Intendants du xviiie siècle, Montesquieu, ont servi et exalté son génie. Mais l'histoire de l'Aquitaine, c'est celle, aussi et surtout, d'une prise de conscience collective : des mouvements populaires comme la Commune de Guyenne au xvie, l'Ormée au xviie, le fédéralisme des Girondins sous la Révolution, ont puissamment affirmé une personnalité qui a fait de cette terre frondeuse un étonnant miroir de l'aventure humaine.