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Affaire des foulards, procès pour excision : autant d'événements dont s'empare l'actualité quand nulle réponse n'est trouvée à la grande question de l'intégration, dans les démocraties d'Europe occidentale, de populations élevées dans le respect du culte musulman. En ce qui concerne le statut des femmes dans le monde arabe musulman, il faut savoir d'une part distinguer les valeurs de l'islam des survivances archaïques de la tradition locale ou des excès rigoristes d'un fondamentalisme mystificateur, d'autre part déceler la connivence profonde entre la logique politique de l'asservissement et l'exigence religieuse de la loi coranique. L'essai de Juliette Minces permet d'y voir clair. Il dénonce l'utilisation qui a été faite d'une religion pour maintenir la domination de l'homme sur la femme et préserver artificiellement un ordre social devenu caduc. La législation islamique (Charia) et le « statut personnel » qui s'en inspire font de la femme un instrument permettant à l'homme de constituer ou d'accroître sa lignée, une pure fonction dans le groupe familial, un rôle à tenir dans le clan plutôt qu'un individu à reconnaître. Ce modèle est aujourd'hui en crise. Mais s'il est vrai que les sociétés du monde arabe, touchées dans leur fondement par l'immixion occidentale, se sont trop profondément modifiées pour être en mesure de revenir au mode de vie antérieur ; comme le réclament les « intégristes » par surenchère nationaliste ; il reste que les efforts de la femme pour s'extirper de la bâtardise sociale risqueraient d'entraîner un effondrement des bases familiales et patriarcales sur lesquelles reposent ces sociétés. La femme voilée cimente donc à la fois l'ordre social et conventionnel. Elle demeure la survivance d'une civilisation en transition où le dogmatisme de la tradition n'est plus acceptable et où le progressisme de l'émancipation ne l'est pas encore.