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En Pologne, après la Libération, les rares Juifs, « survivants par miracle » (Turkov) qui ont échappé à la Shoah, espèrent commencer une vie nouvelle. Leur désillusion est terrible, marquée par le retour d’un antisémitisme virulent, ponctué d’assassinats et de pogroms, la montée en puissance des communistes dans l’appareil d’État au milieu de compatriotes dont beaucoup tentent de « terminer le travail » des nazis. Telle est la réalité dont témoigne ici Ionas Turkov. Celui que la presse juive considérait en 1944 avec son épouse Diana Blumenfeld, chanteuse de music-hall, comme « les seuls représentants du monde culturel juif à s’être sauvés du ghetto de Varsovie », fait le tableau de la difficile reconstruction de la Pologne. Il raconte son quotidien à Lublin, l’angoisse de ne pas retrouver sa fille et la nécessité, constante, de dissimuler sa judéité. Il décrit ses tentatives de faire connaître au monde la véritable situation des Juifs polonais et de déconseiller aux expatriés de rentrer en Pologne. Il évoque les enfants juifs rescapés et les rançons exigées pour leur restitution. Ce triste constat, cette « décevante liberté » vont le conduire à s’exiler définitivement. Tout d’abord aux États-Unis, puis en Israël où il s’installe en 1966 et où il meurt en 1982. Cet ouvrage constitue le dernier opus de son journal.