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On ignore trop souvent que le judaïsme offre une vision mythique du monde. Pourtant, le mythe est aussi vital que dangereux, aussi libérateur qu’oppressif. Les conséquences théologiques, politiques et esthétiques de cet oubli sont donc terribles. À la croisée de la critique biblique, de l’exégèse rabbinique et de la Kabbale, de la littérature et de la théologie, de l’histoire et de l’anthropologie, cet essai explore la persistance, la beauté et les dangers des mythes juifs. Contre une vision simpliste, antisémite, qui opposerait le judaïsme au sacré et à la nature, David Haziza revient sur les mythes fondateurs de cette religion et ses liens avec un paganisme que, de la Bible à la Kabbale, elle n’a jamais vraiment refoulé. Pour le meilleur comme pour le pire, le judaïsme est resté païen, mais d’un paganisme sans idoles. Le sacré y demeure, pour peu qu’on y prenne garde, dans la pluralité divine et la part féminine de Dieu, par les sacrifices et tous les rites qui rythment la vie juive, par le symbolisme érotique et le rapport à la mort, par le culte de la terre d’Israël et son corollaire, celui de l’exil, enfin par ce mythe juif par excellence qu’est le messianisme. Grille d’interprétation inédite et salutaire, cet essai nous invite à repenser la modernité aussi bien que le fanatisme, le sionisme que l’antisémitisme. David Haziza propose ainsi un voyage à travers les textes, l’espace et le temps, où se côtoient prophètes et sages du Talmud, kabbalistes et maîtres du hassidisme, Kafka, Proust et bien d’autres – et surtout, à côté de ces grands, les Juifs ordinaires dont la vie, les rites et la mémoire n’ont jamais cessé d’être structurés par le mythe.