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La vie sexuelle est faite de rencontres, mais toutes ne font pas événement. Lorsque l'une d'entre elles est décisive, elle comporte une part d'imprévisible qui constitue le ressort même de sa puissance : pouvoir transformer une vie n'est pas donné à toute rencontre. Le bouleversement qu'apporte le désir d'une personne qui semble détenir le pouvoir de nous faire exister en nous faisant jouir, est un processus complexe : ou bien on déclare qu'il est irrationnel car immaîtrisable, ou bien on s'efforce de le penser en s'intéressant aux conditions de la vie amoureuse importance disproportionnée accordée à certains détails, dissymétrie des attentes des partenaires, non-congruence du désir sexuel et de l'amour. Or, le dispositif qu'a instauré la psychanalyse fait mieux comprendre en quoi cette contingence est positive. Lamanière dont la vie sexuelle est transposée par ce qu'on appelle le transfert privilégie tout ce qui, dans l'amour sexué, est inadéquation, dissymétrie. Cependant, l'analyste est un inconnu sur un mode différent du partenaire amoureux, et cette transposition dégage pour eux-mêmes ces facteurs de disproportion, et rend efficaces, et par là créateurs, les facteurs contingents d'une rencontre. Par cette approche originale du contingent dans la vie sexuelle, la psychanalyse est un champ d'expérience précieux pour une philosophie de l'événement. C'est pourquoi elle a un terrain commun avec certaines pensées contemporaines qu'elles s'accordent ou s'opposent à la psychanalyse comme celles de Deleuze ou de Foucault. Comment la contingence peut-elle être, grâce au fait qu'elle survient dans des situations déterminées, un levier de transformation ? L'important pour un événement, est-ce la rupture qu'il instaure ou la nouveauté qu'il produit ? Et, dans la contingence de la sexuation, l'écart par rapport au nécessaire relève-t-il d'une logique comme le pensait Lacan ? La vie sexuelle, telle que la situation analytique la convoque, est le laboratoire d'une contingence nouvelle.