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Des conflits qui ont fracturé l'Europe contemporaine, celui de 1870-1871 souffre du plus lourd déficit de mémoire : au mieux évoqué, au pire immémoré. Cette guerre ne semble pas pouvoir rivaliser avec l'envergure et le retentissement des cataclysmes de 1914-1918 et 1939-1945 dont elle constitue une sorte de prologue. On lui attribue tout au plus d'avoir entretenu le goût amer de la défaite. Les « Provinces perdues », érigées en prétextes à la Revanche, personnifiées sous la coiffe de l'Alsacienne, symbolisèrent la prétendue obsession française de se venger du Traité de Francfort. Pourtant, tout au long du conflit, la résonance de la guerre se propage en France comme en Allemagne : les bombardements, les sièges « tenus ou défait », les oscillations politiques sont autant de stigmates durables et profonds pour les deux pays. Ces conséquences sont plus sensibles encore sur les frontières de l'Est. L'arrachement de l'Alsace et de la Lorraine élève Strasbourg au rang de capitale d'Empire, exposant la ville aux dissensions et tiraillements que confère ce statut. Belfort, que la vaillance a préservé de l'amputation, devient une terre d'asile pour les Alsaciens qui aspirent à rester français. La ville, qui prend un nouvel essor, notamment industriel, n'en demeure pas moins occupée par les troupes impériales pendant deux longues années. En novembre 2011, à l'occasion du 140e anniversaire du traité de Francfort, les deux villes ont à nouveau croisé leur destin en organisant un colloque commun « Strasbourg, Belfort. 1870-1871 : de la guerre à la paix ». La guerre, ses conséquences politiques, économiques et culturelles de part et d'autre du Rhin furent le fil conducteur des échanges. La difficile construction d'une identité partagée dans l'Alsace annexée et les figures, mémoires et mythes de ce conflit sont les lignes de force de cet ouvrage qui appelle à un renouveau de l'historiographie.