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Les sciences conviennent unanimement de l'historicité du réel : tout passe et rien ne reste, car tout est contingent, au sens où rien de ce qui existe n'a sa raison d'être en lui-même. Or, s'il n'y avait que du contingent, il n'y aurait rien. Donc l'absolu existe, puisqu'il est avéré que quelque chose existe. Ce syllogisme métaphysique est au fondement implicite ou explicite de toute religion. Deux expressions religieuses de l'Absolu ont fini par émerger et par s'imposer. Selon l'une, l'Absolu a un statut ontologique transcendant de Dieu personnel Créateur. Pour l'autre, l'Absolu est immanent et impersonnel. Le syllogisme inclut une troisième interprétation métaphysique, moins explorée et soutenue, où l'absolu se présente sous la figure du Devenir, entendu comme l'ensemble potentiellement infini des devenants, qui s'engendrent les uns les autres, emportés dans une dialectique perpétuelle entre le virtuel, l'actuel et le transi. L'absolu comme Devenir ne faisant référence qu'à lui-même par la médiation des devenants, il n'exige aucun garant ni transcendant ni immanent. Il est séculier de fondation et donne lieu à une élaboration métaphysique rigoureuse et à une ontologie achevée. Les trois Absolus sont équiprobables et indécidables, car le choix dépasse les capacités de la raison humaine enfermée dans la contingence. La décision ne peut résulter que d'une conversion libre de la sensibilité, de l'intelligence et de la volonté, et exige de se rendre compatible avec la rationalité scientifique. Le Devenir comme absolu vérifie ce jugement avec une rigueur lumineuse.