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Dimanche 30 J'ai toujours détesté les hommes. Je les hais depuis le commencement. Je hais leur mémoire qui se souvient qu'en Éden ils furent comme des dieux, je hais leur volonté d'en retrouver la source, je hais leur intelligence quand elle perce la nuit de l'inconnaissance et soutient l'éblouissement du savoir. Je hais très particulièrement la beauté, l'harmonie des corps, l'éclat des esprits. Je hais Dieu et les siens d'une rage sans égale. Je hais Michel et ses anges aux glaives amoureux qui nous chassèrent du paradis, nous bannissant à jamais du séjour divin. Tous, je les exècre : Dieu, anges, hommes, femmes, enfants, animaux, végétaux, minéraux, tous je les hais d'une haine ardente, réfléchie, passionnée, inextinguible. Je hais aussi le monde invisible, les espaces sidéraux, le cosmos peuplé de merveilles... Mais par-dessus tout, je hais l'humanité. Je hais bien sûr la terre, villégiature de mon expiation et parage de mon exil ; la terre, cette prison humaine dont je suis en même temps - sinistre paradoxe - l'occupant et le gardien et dont L'AUTRE (ce J-C dont je ne puis prononcer le nom) a cru spirituel de me déclarer le Prince... Or voici ce qu'il adviendra : à la fin des gymnastiques humaines, les coupes de la mort seront brandies et le portail des damnés s'ouvrira béant pour laisser entrer les foules bronzées dans le choeur des vociférants. Le plus petit nombre gagnera le sein de Dieu, tandis que moi, je resterai là, à regarder, impuissant, ces âmes s'élever dans la gloire. Je suis l'exclu, le perclus, le reclus. À moi les pleurs et les grincements de dents, toujours, toujours, toujours.... Passer une année dans la vie de Satan c'est oser s'immerger dans la colère, la violence, le soupçon qu'il diffuse comme un poison mortel dans notre monde. Le lecteur qui acceptera d'ouvrir ce livre prendra un risque, celui de se laisser impressionner par le mal ; mais il recevra aussi une grâce, celle de savoir que le Bien fait reculer Satan, que la prière le réduit à l'impuissance et que nous pouvons tous être des boucliers contre son feu destructeur.Les pages arrachées au journal de Satan sont faites de révélations sulfureuses qui nous ouvrent les yeux sur les rouages invisibles de la politique, des mÅurs et des conflits humains.