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Entre caprice égoïste ou réduction à la seule dimension sexuelle, quelle est donc la vérité profonde du désir ? Tension vers ce qui manque, il est la marquea d'un être incomplet, incapable de se donner à soi-même ce qui peut le combler. Cette orientation étrange vers un bien absent est comme le signe d'une impuissance et d'une dépendance foncière. Le désir semble ainsi à l'opposé de la sagesse. La sagesse suppose un sujet maître de soi ; le désir signale l'impuissance du sujet. La sagesse suppose une connaissance claire ; le désir est un clair-obscur quant à sa source et quant à son terme. La sagesse exige la limite raisonnable ; le désir n'a pas de limite assignable, il demande toujours plus. Pourtant, explique le philosophe Frédéric Laupies, le désir est principe d'une authentique sagesse. En lui et par lui se dévoile la modalité essentielle de notre être fini, tendu vers ce qui le dépasse. En lui et par lui apparaît la subtile relation entre le présent et l'absent, entre le réel et l'imaginaire, entre le donné et le promis. Lui seul permet de comprendre le sens humain de la sexualité ; c'est aussi par lui que l'on peut comprendre les frustrations et les désillusions qui traversent notre existence. AUTEUR Frédéric Laupies, agrégé de philosophie, est professeur en classes préparatoires au lycée Notre-Dame-du-Grandchamp à Versailles. Il a notamment publié aux PUF un Dictionnaire de culture générale (coll. « Major », 2005), La liberté (coll. « Que sais-je ? », 2004) et Premières leçons de philosophie (coll. « Major », 2009).