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L'histoire oubliée des enfants " métis " de la colonie : une face cachée mais fondamentale de l'histoire de l'appartenance nationale. Pendant la colonisation française, des dizaines de milliers d'enfants sont nés d'" Européens " et d'" indigènes ". Souvent illégitimes, non reconnus puis abandonnés par leur père, ces métis furent perçus comme un danger parce que leur existence brouillait la frontière entre " citoyens " et " sujets " au fondement de l'ordre colonial. Leur situation a pourtant varié : invisibles en Algérie, ils ont été au centre des préoccupations en Indochine. La " question métisse " a également été posée à Madagascar, en Afrique et en Nouvelle-Calédonie. Retraçant l'histoire oubliée de ces enfants de la colonie, cet ouvrage révèle une face cachée, mais fondamentale, de l'histoire de l'appartenance nationale en France : il montre comment les tentatives d'assimilation des métis ont culminé, à la fin des années 1920, avec des décrets reconnaissant la citoyenneté à ceux qui pouvaient prouver leur " race française ". Aux colonies, la nation se découvrait sous les traits d'une race. Cette législation bouleversa le destin de milliers d'individus, passant soudainement de la sujétion à la citoyenneté : ainsi, en Indochine, en 1954, 4 500 enfants furent séparés de leur mère et " rapatriés " en tant que Français. Surtout, elle introduisait la race en droit français, comme critère d'appartenance à la nation. Cela oblige à revoir le " modèle républicain " de la citoyenneté, fondé sur la figure d'un individu abstrait, adhérant volontaire à un projet politique commun et à souligner les liens entre filiation, nationalité et race.