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Une question et des débats au coeur de l'actualité contemporaine pour fêter les 30 ans de la revue. L'adjectif " postcolonial " est de plus en plus utilisé de façon plus ou moins polémique et négative. Il sert à évoquer les séquelles de la colonisation dans les pays devenus indépendants, et il qualifie aussi dans les anciennes métropoles coloniales des problèmes qu'elles ne connaissaient pas avant les indépendances. En France, par exemple, vivent près de sept millions de personnes venues des anciennes colonies françaises ou qui sont leurs enfants et petits-enfants. Pour dénoncer les discriminations dont ils sont souvent victimes, divers mouvements politiques et intellectuels de gauche soutiennent aujourd'hui ceux qui ont lancé début 2005 un manifeste revendiquant les droits des " indigènes de la République ". Cette expression paradoxale mais efficace fait allusion au statut d'infériorité par rapport aux Européens qui caractérisait les " indigènes " dans les anciennes colonies. Mais ces discours qui dénoncent parfois la France comme une " société coloniale " peuvent mener à de dangereux malentendus. En effet, ces " indigènes " d'aujourd'hui sont minoritaires dans la République française, alors que dans les colonies, les indigènes d'hier, qui n'avaient presque aucun droit, formaient l'essentiel de la population. Dans les pays qui ont été des métropoles coloniales, on en vient en tout cas à parler de situations postcoloniales. C'est également la conséquence de changements majeurs dans le monde musulman et d'une remise en cause de l'histoire mondiale. La dénonciation désormais classique de la Shoah a ainsi conduit à la prise de conscience que la traite des esclaves durant des siècles a été le plus long des crimes contre l'humanité. D'où certaines tendances à une diabolisation souvent simplificatrice de ce phénomène mondial que fut la colonisation. Mais la question postcoloniale ne se pose pas de la même façon en France, au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas.