Prix public : 24,00 €
La tradition « orientaliste » des savants arabisants français, qui avaient accompagné l’entreprise coloniale au XIXe siècle, a progressivement laissé la place au XXe siècle à une génération de chercheurs résolument anticolonialistes, à l’image de Maxime Rodinson, Charles-André Julien, Jacques Berque ou Charles-Robert Ageron. Il revient aujourd’hui à leurs héritiers d’éclairer l’apparition, dans la période postcoloniale, d’un « islam politique » qui cristallise une très profonde défiance. C’est ce à quoi s’emploie François Burgat dans cet ouvrage, en replaçant ses analyses dans le parcours personnel qui les a nourries et l’environnement scientifique qui les a accueillies. Depuis les années 1980, la répression des acteurs politiques musulmans par les régimes autoritaires et leur mise au ban par les États occidentaux ont contribué à alimenter frustrations, polarisations, violences, radicalisations, terrorisme... À rebours des explications simplistes ignorant trop souvent les racines historiques de ces évolutions, ce livre apporte une note dissonante. Son auteur raconte comment, pour décoder l’incomprise altérité islamiste, sa trajectoire de recherche l’a conduit à forger ses propres outils. De l’Algérie à la Syrie, en passant par la Tunisie, le Yémen, la Libye, l’Égypte, la Palestine et la France, il restitue ses rencontres avec nombre d’islamistes. Il montre que leurs motivations sont plus banalement profanes et politiques que religieuses. Et donc très loin des explications essentialistes qui s’obstinent à chercher dans le Coran du VIIe siècle les clés de l’islam politique contemporain. L’auteur poursuit ici une démarche de recherche entamée depuis quatre décennies en confrontant ses premières hypothèses aux turbulences des « printemps arabes » et à l’affirmation djihadiste. En contextualisant ses observations sur le temps long, il offre un précieux éclairage sur les conditions du dépassement de ce « défi islamiste ».