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L'affaiblissement de la foi chrétienne à l'orée de la période romantique a engendré, pour ainsi dire, une métamorphose du sentiment religieux, plus que jamais présent mais sous une forme générale et abstraite. L'émergence, dans la littérature du XIXe siècle, de l'amour mystico-idéaliste avec ses obsessions ambivalentes de "pureté", de "purification", a élevé la question de la pudeur à une puissance nouvelle, complexe, en lui conférant un rôle central. Dans cette étude qui couvre la période 1760-1850, Janine Rossard montre brillamment en quoi la "pudeur romantique", torturée par sa double face ange/démon, élévation/chute, pureté/obscénité, constitue le sujet idéal pour une analyse plus générale de l'amour, de la morale et des phénomènes sociaux durant le très tourmenté XIXe siècle. La pudeur, alors, ne dissimule pas seulement le corps ; elle dissimule, sous son apparence angélique, des abimes de noirceur, des dédoublements androgynes, des aspirations à la révolte sociale au nom d'une soi-disant unité idéale du couple amoureux dans un même "moi" égoïste.