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« C’est avec la publication de <em>l’être et l’essence</em> (1948) que Gilson fit véritablement irruption dans le débat philosophique contemporain, contraignant beaucoup de ceux qui n’avaient jamais entendu parler de l’être autrement qu’à travers <em>l’être et le néant</em> ou le premier chapitre de <em>Wissenschaft der Logik</em>, à admettre que ce petit mot “être”, qu’une certaine tradition idéaliste avait vainement tenté de bannir du vocabulaire philosophique, abritait, sinon peut-être “le destin de l’Occident”, du moins le lieu d’une de ses plus anciennes et plus constantes querelles. Beaucoup se convainquirent alors, en lisant Gilson, que Saint Thomas occupait dans ce débat une place à tout le moins originale et importante, qu’il n’était plus permis d’ignorer, même et surtout si l’on voulait prendre parti dans la polémique que menait alors l’existentialisme contre l’essentialisme supposé de toute la tradition. » <br/>Pierre Aubenque, <em>Etienne Gilson et nous</em>, p. 79.