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On sait que, depuis la parution des Recherches logiques de Husserl, le terme de “phénoménologie” ne désigne plus, comme c’était encore le cas chez Hegel, une discipline particulière, mais une nouvelle conception de ce que doit être la philosophie. Ce qui a en effet donné à l’entreprise husserlienne sa fécondité, c’est l’idée, reprise aux anciens, que le travail philosophique doit être mené en commun et exige par conséquent le concours de plusieurs penseurs. Mais ce qui rassemble ceux-ci, c’est moins l’unité d’une doctrine et l’appartenance à une école de pensée que la pratique d’une méthode.
De ce “mouvement phénoménologique”, auquel appartiennent tant de philosophes du siècle dernier, il n’est certes pas question de dresser un iventaire exhaustif. Ce que l’on se propose simplement ici, c’est d’en donner un aperçu qui mette d’ailleurs moins l’accent sur les noms propres des penseurs que sur les problèmes qu’ils ont partagés.
Les essais réunis dans ce volume sont en effet tous consacrés à un petit nombre de questions fondamentales – celles du langage et de la logique, du moi et de l’autre, de la temporalité et de l’histoire, de la finitude et de la mortalité –, au sujet desquelles un dialogue a paru se nouer entre certaines des figures les plus éminentes de la nébuleuse phénoménologique : Husserl et Heidegger surtout, mais aussi Fink, Patocka, Merleau-Ponty, et plus près encore de nous, Gadamer, Levinas, Ricœur.