Prix public : 31,00 €
Le système philosophique de Nicolas Malebranche (1638-1715) peut être considéré comme la seule théodicée de l’âge classique qui veut assurer la bonté de Dieu tout en postulant la réalité du mal. Mais elle est aussi et surtout nouvelle par son principe opératoire : la loi. Le malebranchisme propose en effet une réflexion originale sur la notion de loi. Celle-ci doit rendre compte de la nature comme de la grâce et emprunte donc autant à la science qu’à la théologie pour aboutir à un précipité théorique des plus novateurs. Cette réflexion est également surprenante car les difficultés rencontrées pour légitimer une compréhension purement légale du réel viennent souvent plus de la nature que de la grâce, des lois de la biologie que des lois de la rédemption. Une telle défense de Dieu tourne à un éloge de la loi et plus spécifiquement de la forme de la loi, matrice de l’intérêt des Lumières pour le légalsme et le formalisme.
Le malebranchisme constitue donc une étape essentielle dans l’histoire complexe de la notion de loi. Sans cette étape, on ne peut comprendre nombre de philosophies politiques du XVIII<sup>e</sup> siècle. Et si ce moment malebranchiste a souvent été ignoré des commentateurs, c’est justement parce qu’on n’a pas suffisamment interrogé les conséquences politiques du système légal présenté par l’auteur et la manière dont la défense de Dieu s’efface devant la glorification de la loi.