Prix public : 46,00 €
Très tôt, les hommes de la péninsule ibérique, fascinés par les grandeurs grecques et romaines auxquelles ils étaient fiers d’avoir contribué, ont mesuré l’importance de l’articulation des causes, des faits et des conséquences, c’est-à-dire la valeur de l’écriture de l’histoire, pour affirmer leur identité propre. La problématique de l’image et du visuel, qui est aussi la représentation d’histoire, les « histoires », a été incluse par eux dans celle du souvenir. « Écrire l’histoire » a consisté à écrire « des histoires », y compris, à partir de la redécouverte de la philologie et du développement de l’expression de la subjectivité, l’« histoire de soi ». La quête de la vérité – quelle vérité? – n’a cessé de hanter les historiens. L’Espagne – les Espagnes –, s’est donc imposée comme objet historiographique. Or, l’Espagne a été soumise à de multiples variations, inlassablement parcourue, tour à tour conquise et conquérante, avant de s’affirmer comme puissance chrétienne, souveraine et impériale en Europe et dans le Nouveau Monde. Entre Isidore de Séville et l’époque baroque, une tension s’est développée entre l’horizon d’attente eschatologique et le champ de l’expérience. Il s’est avéré que, dans le monde hispanique, l’écriture de l’histoire, comme prolongement critique de la mémoire, est fondamentalement liée à l’activité de méditation sur la mort et la naissance des empires, des idéologies et des hommes, et sur cet entre-deux de l’intervalle entre naissance et mort, cette crise du temps, sur lequel Heidegger, précisément, a construit son idée de l’historicité.