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Que serait une véritable métaphysique, une métaphysique qui penserait vraiment l’Être? La réponse de Heidegger s’est voulue novatrice, prophétique et définitive : le « nouveau commencement » qui fera entendre la voix originelle de l’Être exigera d’en finir avec le platonisme, car les Idées ont inauguré en Occident la longue histoire de l’occultation de l’Être au profit des étants. Mais cette thèse est pour Stanley Rosen largement erronée. Sa critique de l’interprétation heideggérienne de la métaphysique montre en effet combien le platonisme invoqué par Heidegger doit en fait beaucoup plus à la « science de l’être en tant qu’être » d’Aristote qu’à Platon lui-même, et comment cette erreur a contaminé également toute la lecture heideggérienne de Nietzsche. Le dépassement de la métaphysique occidentale tel qu’Heidegger le conçoit pourrait bien n’être qu’un horizon inaccessible, et l’Être qu’il convoque qu’un mot vide de sens.<br />Faut-il donc renoncer à la métaphysique? Il faut plutôt retourner à sa source : seul un renversement de Heidegger et de son interprétation longtemps dominante de l’histoire de la philosophie peut nous mettre sur la voie de la métaphysique authentique. Un nouveau départ s’impose donc : par fidélité à Platon, Stanley Rosen fait descendre les Idées sur la terre de l’expérience et du langage ordinaires. La métaphysique redevient une affaire familière, ancrée dans le sens commun et la quête universelle de la vie la meilleure, où l’on croise en chemin Kant, Hegel et Husserl. L’« au-delà » de la métaphysique renoue ainsi avec l’« ici-et-maintenant » du monde quotidien.