Prix public : 35,00 €
Qu’Aristote ait lu Platon est de l’ordre de l’évidence. Cette évidence gagne néanmoins à être rappelée pour en dégager toute la portée, plus particulièrement dans le domaine de l’éthique où le rapport d’Aristote à son maître tend à être réduit à la vision traditionnelle d’un disciple devenu un adversaire irréductible, et parfois injuste. Redonner voix au dialogue continu mais souterrain entre les éthiques des deux philosophes, en mettant au jour l’arrière-plan platonicien avec lequel Aristote est en débat, n’a pas pour seul but de réévaluer l’héritage platonicien du Stagirite. Une telle entreprise offre en même temps une voie d’entrée féconde dans l’élaboration de ses concepts éthiques, qu’il s’agisse du bonheur, du plaisir, de l’amitié ou de la sagesse pratique. En effet, faire l’hypothèse qu’Aristote construit les notions cardinales de sa philosophie pratique comme des réponses précises à des questions non moins précises laissées ouvertes par les Dialogues permet d’en éclairer la genèse et d’en dégager les articulations constitutives. Bien loin d’être un système statique de concepts, l’éthique aristotélicienne se trouve ainsi hériter du caractère dialectique plus volontiers attribué aux textes platoniciens qui enconstituent la toile de fond. La nouveauté comme la portée de l’intuition qui la guide, à savoir que le bien, pour les humains, réside dans l’action, s’apprécient mieux à l’aune de cette conversation continuée qu’elle entretient avec les questions et les prises de position de son prédécesseur.