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Aristote passe pour avoir fondé la métaphysique. Ce terme, pourtant, lui était inconnu. Les livres rassemblés sous le titre de <em>Métaphysique</em> semblent, de surcroît, manquer d’unité. La science qu’ils désignent, enfin, ne paraît pas obéir aux règles classiques de l’épistémologie aristotélicienne.<br />Le présent ouvrage part de l’hypothèse que la science métaphysique est historiquement née de la tradition des lectures et des reprises successives du projet aristotélicien, et, au premier chef, de celle d’Alexandre d’Aphrodise. Alexandre, connu depuis l’Antiquité comme « l’Exégète par excellence », est professeur de philosophie aristotélicienne à Athènes, au tournant des II<sup>e</sup> et III<sup>e</sup> siècles de notre ère. Il rédige le premier commentaire à la <em>Métaphysique</em> qui nous ait été transmis. Mais, en s’efforçant de saisir l’unité littéraire de l’ouvrage qu’il commente, l’Exégète travaille aussi à dégager l’unité de la science recherchée. Science à la fois universelle et première, à la fois modèle et fondatrice des autres savoirs, elle a, selon lui, trois objets principaux : l’étant en tant qu’étant, la substance et le divin.<br />C’est en actualisant des potentialités du texte aristotélicien qu’Alexandre d’Aphrodise dessine ainsi une figure possible de la philosophie première. Alexandre est l’un de ces maillons qui, en la transmettant, font que la métaphysique gagne son histoire. Son interprétation déterminera, sur un temps long, la façon dont cette science architectonique s’est édifiée, et comment cette « reine des sciences » que deviendra la métaphysique a commencé d’accéder au pouvoir.