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Les débats sur l’humour portent souvent sur la liberté d’expression. Mais un effort de définition peut nous aider à le penser comme un outil de langage et une caractéristique des personnes. Comme n’importe quel outil, sa valeur dépend de l’usage que nous en faisons : liant social très puissant et véritable vecteur d’idées, il peut aussi se révéler dans les humiliations et les ravages de la moquerie. L’auteur se propose d’examiner trois théories classiques, ou définitions de l’humour : la thèse de la supériorité, la thèse du soulagement et la thèse de l’incongruité.En effet, nous plaisantons parfois pour surplomber les autres. Les artifices du langage, la rhétorique, servent une volonté de domination examinée entre autres par Thomas Hobbes, dans son Leviathan. Lorsque nous détectons la faiblesse ou le défaut d’autrui, nous cherchons à attirer l’attention sur ses failles pour la détourner de nos propres errances. Mais il serait réducteur d’identifier l’humour à l’ironie. La plaisanterie peut effectivement être considérée comme un baume sur nos plaies. Freud par exemple, note qu’il est un moyen de reprendre son souffle face à l’inéluctable. Le condamné à mort, le malade, le soldat dans les tranchées, utilisent ce formidable instrument afin de se soulager du sentiment de l’inévitable et de la souffrance morale qu’il cause. Nous usons également de l’humour pour consoler les autres et leur apporter notre soutien. Mais l’analyse philosophique de l’humour peut aussi nous porter à considérer qu’il est une disposition de la personne. Ainsi qu’Homère dans l’Iliade ou Shakespeare dans Hamlet, le plaisantin possède une capacité consistant à lier des mots, des concepts ou des images habituellement dissociés. Ce faisant, il nous surprend et provoque le rire. L’humour serait une vertu intellectuelle partagée par les auteurs, les comédiens, les rhéteurs et les humoristes. Mais si l’humour est une vertu intellectuelle, pouvons-nous dire qu’il dépend de nos vertus morales autant que de nos compétences rhétoriques? C’est le point de vue qui sera défendu dans cet ouvrage, qui envisage de traiter les divisions générées par l’humour, mais aussi les relations tissées grâce à lui lorsqu’il provoque la surprise, la gaîté et la connaissance de réalités jusqu’alors inaperçues.