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La Grammaire de Priscien, publiée à Constantinople au début du VI<sup>e</sup> siècle, est une des sommes caractéristiques de l’Antiquité tardive. Synthèse et refonte novatrice, cette œuvre réunit les principaux courants de la grammaire antique, dont l’hétérogénéité fait la richesse : les premières descriptions grammaticales et leur renouvellement par l’invention de la philologie, les réflexions stoïciennes sur le langage et les apports de la grammaire alexandrine, la tradition grammaticale romaine et les éclairages particuliers dus à la comparaison entre latin et grec. Priscien a été le passeur par qui l’époque médiévale a eu connaissance de cette description linguistique complexe, et notamment de la syntaxe, dont il est l’introducteur dans le monde latin. Son influence a des échos jusqu’à la période classique.
Des 18 livres de ce texte, il n’existait jusqu’à présent aucune traduction d’ensemble dans une langue moderne. Absence de traduction particulièrement dommageable : alors que son importance dans l’histoire culturelle occidentale est de plus en plus mise en évidence, le texte lui-même restait difficile d’accès, voire interdit pour toutes sortes de spécialistes non latinistes.
Le groupe Ars grammatica a entrepris cette traduction d’ensemble, et s’engage avec le présent volume dans la partie du texte qui porte sur l’une des deux principales parties du discours, le verbe. Le livre 8 est consacré à ses caractères généraux, et passe en revue les catégories grammaticales dont il relève : les trois présentées comme les plus importantes – diathèse, temps et mode –, puis celles qui sont liées à la création lexicale – dérivation, composition et conjugaison –, et enfin les deux dernières – personne et nombre, subsidiaires dès lors que les formes non personnelles (comme l’infinitif) y sont étrangères. Tandis que les livres 9 et 10 portent sur la dimension proprement morphologique des conjugaisons, le livre 8 envisage ces catégories grammaticales sous leur angle fonctionnel et sémantique, en développant des analyses originales et subtiles, notamment sur la diathèse (actifs, passifs, neutres, déponents et communs), sur le temps, organisé autour du présent, sur les formes marginales que sont le gérondif ou le supin, etc.
Aux antipodes des simplifications scolaires, la réflexion de Priscien suggère une sorte de remodelage infini des classifications, fruit et aboutissement de la multiplicité des points de vue dont procèdent les analyses grammaticales antiques, et point de départ des réflexions ultérieures. Pour que le sens et les enjeux de ce texte restent constamment clairs, la traduction est précédée d’une large mise en perspective et précisée par de très nombreuses notes, qui forment un véritable commentaire et accompagnent le lecteur en explicitant la démarche théorique du grammairien.
L’ouvrage comporte une introduction générale, le texte latin accompagné des loci similes, une traduction annotée, une bibliographie sélective et quatre index (auteurs, formes et syntagmes en mention, terminologie grammaticale latine et grecque, notions grammaticales).