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Dès les Ideen I, Husserl pose avec lucidité le problème qui est au cœur de toute démarche phénoménologique : « D’un côté la conscience doit être l’absolu au sein duquel se constitue tout être transcendant et donc finalement le monde psycho-physique dans sa totalité; et d’autre part la conscience doit être un événement réel (reales) et subordonné à l’intérieur de ce monde. Comment concilier les deux choses? ». Formulé ainsi, le problème paraît sans solution: comment la conscience peut-elle être à la fois condition de l’apparaître du monde et chose du monde, constituante et constituée?<br/>Plutôt que d’opter pour l’un des termes de l’alternative, un idéalisme transcendantal ou un réalisme empirique, il faut se demander à quelles conditions cette situation est pensable. Il s’agit donc de transformer le problème en solution et d’affirmer que le propre du sujet est à la fois et indistinctement d’appartenir au monde et de le faire paraître, de vivre le monde dans la mesure exacte où il vit en lui, de telle sorte que l’appartenance n’est plus un obstacle à la phénoménalisation mais sa condition même. Mais alors, si l’appartenance du sujet signifie sa parenté ontologique avec le monde, force est de conclure que ce dernier est le sujet véritable de la phénoménalité. Ce n’est pas moi qui fais paraître le monde mais celui-ci qui paraît en moi, qui se phénoménalise à travers moi; le sujet n’est plus la source mais le simple destinataire de la phénoménalité.<br/>En ce point, le problème phénoménologique devient un problème cosmologique puisqu’il requiert de penser l’être du monde de telle sorte qu’il puisse être la source de la phénoménalité, l’origine même de l’apparaître. La question que nous nous proposons de traiter est donc double : 1) À quelles conditions l’insertion du sujet dans le monde est-elle conciliable avec l’apparition de ce monde? Et 2) dès lors, comment penser le monde de telle sorte que sa présence dans l’étant signifie nécessairement sa présence à l’étant?