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Dialogue tout entier consacré à l’amour (erōs), le Phèdre de Platon comprend des enseignements décisifs sur le traitement platonicien de l’amitié (philia). L’un de ces enseignements est qu’en dépit du contexte général du dialogue qui pose la question de l’amitié dans le cadre des relations homoérotiques, Platon, non moins qu’Aristote, distingue des formes, ou types, d’amitié et établit entre elles une hiérarchie au regard de l’excellence (arete). Pour s’en convaincre, il faut commencer par lire le discours sur l’amour (erōtikos) de Lysias (Phèdre, 231a-234c) non comme un document sans intérêt philosophique, mais comme le lieu où Platon expose une conception de la philia qu’il rejette avec force et à laquelle il va opposer un modèle alternatif de relation amicale dans le reste du dialogue. On est ainsi amené à nuancer la division des tâches classiquement admise dans l’histoire de l’éthique ancienne, qui fait de Platon un philosophe exclusivement préoccupé par l’erōs et d’Aristote le premier philosophe à avoir inscrit la philia au cœur de notre vie morale.