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Longtemps d’un usage marginal, le concept de « néolibéralisme » a vu son emploi s’étendre considérablement dans les dernières années du XX<sup>e</sup> siècle. S’il est désormais un vocable à la mode, affublant des réalités très diverses, il semble néanmoins posséder toutes les caractéristiques propres à ces concepts « vagues » ou « flous » (que les Anglo-saxons appellent fuzzy concepts) : il est régulièrement mobilisé dans l’espace public, il est solidement installé dans l’espace académique, mais il est souvent difficile de savoir exactement quels sont les phénomènes visés par ceux qui l’utilisent et quel sens précis ils lui attribuent. Pour contribuer à une entreprise de clarification qui s’avère ainsi nécessaire, le dossier du numéro 17/1 de la Revue de philosophie économique entend tout d’abord insister sur la grande diversité de la nébuleuse intellectuelle très labile que l’on désigne habituellement à l’aide de ce mot. Il vise ensuite à penser le néolibéralisme en questionnant son rapport à la démocratie par rapport aux doctrines de politique économique et d’économie politique : le fait que certains tissent un lien étroit entre les deux notions, alors que d’autres les présentent comme radicalement incompatibles, justifie une investigation de ce type d’ailleurs trop rarement menée.
Dans cette optique, les contributions réunies envisagent aussi bien de « grands auteurs » consacrés (notamment Raymond Aron, d’un libéralisme classique et modéré, Milton Friedman, représentant du libéralisme monétariste et Friedrich Hayek, du courant de pensée « autrichien ») qu’un certain nombre de penseurs aujourd’hui plus oubliés (par exemple les Français Louis Marlio, Louis Rougier ou l’ordolibéral allemand Wilhelm Röpke), cherchant ainsi à éviter d’écrire une « histoire des vainqueurs » qui négligerait les possibles non advenus de l’odyssée néolibérale. Ces textes proposent également de saisir le néolibéralisme dans son contexte d’émergence, c’est-à-dire en s’intéressant à la logique interne des « systèmes de pensée » qui constituent cette nébuleuse, aux différents éléments qui éclairent leur production et leur réception, ainsi qu’à la circulation transnationale des idées néolibérales qui a donné lieu à des phénomènes d’hybridations parfois des plus étranges. C’est dans cette perspective que ce dossier résolument transdisciplinaire réunit des chercheurs venus de plusieurs disciplines – philosophie, économie, histoire et science politique – autour d’un objectif commun : penser le néolibéralisme comme doctrine(s) économique(s) à l’épreuve de la question démocratique.