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Le caractère sacré de la langue des grandes religions révélées se heurte frontalement à leur vocation universelle qui nécessite leur expression dans les multiples idiomes profanes du monde. L'extension et l'intensification des échanges entre les cultures depuis deux millénaires a progressivement fait droit au principe d'« équivalence sans identité » qui se manifeste dans les traductions réitérées et concurrentes des textes canoniques. Les missions évangélisatrices, les véhicules bouddhiques, les conquêtes islamiques, les académies occidentales forment autant de scènes diverses des tentatives de traduire ce qui se donne comme intraduisible. Les contributions relatent également les errements missionnaires pour donner un nom à Dieu en Tanzanie ainsi que ses transpositions ironiques dans la bouche du conteur créole aux Antilles. Après l'histoire des traductions du Coran en français du 17e au 19e siècle, l'expansion actuelle de ses versions en langues africaines est approchée dans toute sa vitalité, ici à travers le bambara au Mali. Avec la Bhagavad-Gītā indienne, le chant, l'interprétation comme la traduction s'associent en d'innombrables « avatars » au fil du temps, rendant canonique de fait un texte qui ne l'était pas de droit. Côté bouddhique, le transfert du vénéré Sktra de l'Estrade du chinois vers le coréen moderne révèle une performance étroitement inscrite dans les tensions politiques d'une nation qui se cherche.