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En 1924, le prince héritier et futur empereur d'Éthiopie, ras Täfäri, en visite à Jérusalem, appelle quarante orphelins arméniens rescapés du génocide de 1915 à former la fanfare royale de son pays. Le chef d'orchestre, lui aussi Arménien, composera le premier hymne officiel de l'État éthiopien. Tirant le fil de cet événement à forte charge symbolique, et suivant l'histoire de la petite communauté arménienne en Éthiopie, Boris Adjemian montre combien elle a agi aux marges de la société politique, se dissimulant dans ses interstices, préférant l'intimité et la loyauté discrète à l'éclat de la politique ouverte. Le rôle surprenant des Arméniens dans le pays d'accueil s'incarne dans l'amitié que les rois leur portaient, thème qui rejaillit souvent dans les récits de vie recueillis auprès de leurs descendants. Mettant au jour l'importance politique et culturelle d'une communauté longtemps méconnue et qui s'est effacée, cette enquête mobilise la mémoire collective de l'immigration arménienne. L'auteur plaide pour une approche sédentaire de la diaspora, pour une socio-histoire de cet enracinement collectif qui remonte au xixe siècle, place les immigrants à mi-chemin du national et de l'étranger, tout en révélant la faculté des individus à se jouer des identités ou des appartenances. Une exploration originale de la construction sociale du national et de l'étranger en Afrique ou ailleurs.