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Les recherches académiques sur l’islam intègrent rarement l’appartenance à une classe sociale comme critère d’analyse, différenciant plutôt les musulman.e.s par leurs divergences dogmatiques (soufies, salafistes, etc.). Or, dans les contextes régionaux contemporains d’Afrique centrale, de l’Ouest et du Nord, reconfigurés par les violences djihadistes, nombre de musulman.e.s redéfinissent les normes de leur « bonne religiosité » en jouant sur des marqueurs de classe. Majoritairement axées sur les musulmanes, figures centrales de ces nouvelles configurations de religiosités, les études de cas présentées dans ce numéro montrent qu’une appartenance de classe — entendue en termes socioéconomiques, mais aussi en fonction de pratiques (culturelles, matérielles) où s’expriment des sentiments d’adhésion à un groupe — influe sur les façons d’être et de se montrer musulman.e ; et qu’en retour, l’affirmation de pratiques religieuses renforce un sentiment de différenciation sociale. Les contextes urbains, où les « classes moyennes émergentes » sont les plus visibles, sont privilégiés pour poser la question d’une éventuelle corrélation entre volonté d’ascension sociale et prétention à une élévation morale et religieuse.