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Hypocondrie : ce mot ancien désigne la crainte – maladive – de contracter des maladies. Le malade imaginaire vit dans un univers d'appréhension morbide, qui va de la préoccupation anxieuse à « l'inquiétude mortelle ». Alors même que l'imagerie médicale ne lui découvre aucune lésion, il souffre réellement en son corps. Aucun diagnostic médical ne le rassure pour de bon, le sujet hypocondriaque étant chroniquement défiant envers ses propres organes. Cet ouvrage s'emploie donc à dégager en trois temps cette maladie de l'imaginaire, moment de vérité du rapport du sujet à son corps propre qui se révèle foncièrement étranger. D'abord quant à la signification inconsciente de l'hypocondrie : l'examen précis de la théorie freudienne de l'hypocondrie montre qu'il y a bien des changements dans le corps, qui ne se comprennent que par recours au narcissisme et au « langage d'organe », ce qui mène aux effets physiques de la pulsion de mort. Ensuite, sur le plan psychopathologique, le symptôme hypocondriaque s'avère un index majeur de la structure inconsciente. De la névrose d'angoisse, où la frustration pulsionnelle produit une macération interne, au moment hypocondriaque dans l'hystérie, la névrose obsessionnelle et la phobie. Surtout l'hypocondrie grave s'avère régulièrement l'élément précurseur de la psychose, de la paranoïa à la schizophrénie, de la mélancolie au syndrome de Cotard – les « maladies factices » interrogeant la dimension de perversion. Enfin, c'est l'occasion de saisir le lien entre le corps organique, celui de la médecine et le corps pulsionnel. Cela requiert une lecture anthropologique, l'hypocondrie étant en quelque sorte une forme de « possession » au cœur de la modernité scientifique, ce qui permet d'entendre concrètement, avec les ressources de la théorie analytique, le propos de Lacan, que l'homme s'angoisse foncièrement de son corps.