Prix public : 23,00 €
A la fin du XXe siècle, la Russie compte environ un million de personnes sous les verrous, et un Russe sur cinq a connu la prison. Quand une « Commission des grâces » est créée en 1992, c'est à Anatoli Pristavkine, écrivain reconnu, que Boris Eltsine en confie la présidence. Tout condamné, ayant épuisé la panoplie des recours juridiques, peut réclamer une grâce, de la réduction de peine à la libération immédiate. Pour réexaminer ces dossiers, Pristavkine s'entoure de citoyens indépendants : un ancien prisonnier du goulag, un barde, un cinéaste, un chirurgien, un prêtre orthodoxe, un critique littéraire... Pendant neuf ans, Pristavkine supervise cette commission. Des montagnes de documents enregistrés, il extrait les témoignages les plus poignants et rédige cette chronique, radioscopie d'une société gangrenée. A travers les « cas » de dizaines de maniaques, violeurs, tueurs d'enfants, mais aussi d'assassins « par accident », La Vallée de l'ombre de la mort dévoile les maux dont souffre une grande partie de la population russe - à commencer par un mal chronique, que la dégradation des conditions de vie n'a fait qu'aggraver : l'alcoolisme. « Ce livre, ce sont les larmes de la Russie. On n'y voit pas seulement des condamnés mais nous tous, vivant dans cette zone du crime qu'est la Russie... » Avec véhémence, cynisme et compassion, dans la tradition littéraire de Dostoïevski, le président de la Commission dénonce, à travers le prisme de faits divers, la malédiction d'être russe, ce paroxysme de l'âme, dans un pays meurtri par une justice souvent défaillante. La Commission des grâces a été abolie par Vladimir Poutine en décembre 2001. Né en 1931 dans la banlieue de Moscou, Anatoli Pristavkine est l'auteur de Un nuage d'or sur le Caucase (Robert Laffont, 1989) et Les Petits Coucous (Robert Laffont, 1991). Il travaille actuellement à la préparation d'un colloque international sur le thème « Grâce, amnistie, peine capitale ».