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Le 5 juin 1961, le commandant Hélie Denoix de Saint Marc est traduit devant le Haut Tribunal Militaire créé pour juger les principaux protagonistes du « putsch » d’Alger du 22 avril 1961. Une semaine auparavant, les généraux Challe et Zeller, à l’encontre desquels le ministre de la Justice Edmond Michelet avait enjoint au procureur général de requérir la peine de mort, ont bénéficié de circonstances atténuantes et été condamnés à une peine de quinze années de détention criminelle. Hélie de Saint Marc fait à son procès une déclaration liminaire qui fera date. « Depuis mon âge d’homme, Monsieur le Président, j’ai vécu pas mal d’épreuves, la Résistance, la Gestapo, Langenstein, trois séjours en Indochine, la guerre d’Algérie, Suez, encore la guerre d’Algérie (…) On nous a fait faire tous les métiers, oui…, tous les métiers, parce que personne ne pouvait, ne voulait les faire. Nous avons mis dans l’accomplissement de notre mission, souvent ingrate, parfois amère, toute notre foi, toute notre jeunesse, tout notre enthousiasme. Nous avons laissé le meilleur de nous-mêmes (…) Monsieur le Président, on peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir : c’est son métier. On ne peut lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de mentir, de se renier, de se parjurer (…) Le compte rendu intégral du procès plonge le lecteur, minute après minute, déposition après déposition, au cœur du drame personnel et collectif que fut pour l’armée et d’abord pour Saint Marc le processus d’abandon de l’Algérie et de ses habitants après celui de l’Indochine.